Le mot de l’équipe de direction

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À propos d’amorevolezza

« Sans affection, pas de confiance ; sans confiance, pas d’éducation. » C’est ainsi que l’on résume la pensée éducative de Don Bosco, qui prenait en compte l’affectivité dans l’instauration de la relation éducative. Mais dans le contexte actuel de notre société , marqué par les révélations du rapport de la CIASE, la question de la place de l’affection ne peut manquer de se poser.
Rappelons que Jean Bosco utilisait un terme particulier, malheureusement intraduisible en français, celui d’« amorevolezza », qui conjugue à la fois l’affection (amore) et l’éclairage par la raison (volezza). Il s’agit donc d’une affection guidée par une intention éducative explicite, destinée à créer les conditions de l’alliance entre le jeune et l’éducateur. Celle-ci nécessite la mise en place d’une « juste » distance entre l’adulte et le jeune. et ce mot « juste » est pris dans ses deux acceptions :
– la justesse du positionnement : Il s’agit, pour reprendre les termes de Xavier Thévenot (un grand théologien moraliste salésien) d’être toujours suffisamment proche de l’enfant pour ne pas être indifférent, et suffisamment distant pour ne pas être indifférencié.
– la justice : Il s’agit d’éviter que l’instauration d’une relation préférentielle avec un enfant ne vienne nuire à la qualité de relation avec les autres. « Il faut que les jeunes non seulement soient aimés, mais qu’ils se sachent aimés. » En s’exprimant ainsi, Don Bosco nous rappelle que l’important ne réside pas dans le sens que l’éducateur donne au mot ou dans l’intention de sa posture, mais dans la manière dont l’enfant comprend le mot et interprète l’attitude. La boussole de l’éducateur doit toujours être le ressenti du jeune.
Que d’écarts, qui ont eu des conséquences dramatiques pour les victimes, auraient pu être évités, si les clercs, auteurs de tels actes, avaient intégré ce conseil de Don Bosco.

J.M. Petitclerc, SDB